La genèse de la Collection VR d’AFFAUX
Au XVIIIè siècle à Lyon, les familles d’Affaux de Glattas et de Cuzieu collectionnaient peintures, porcelaines et sculptures en leurs hôtels particuliers : place Bellecour pour les d’Affaux, rue Sainte-Hélène pour les Cuzieu.
En 1794, le jeune Marquis Antoine-Gabriel d’Affaux de Glattas était condamné à mort par la Convention qui venait d’assiéger Lyon, puis par simplicité et rapidité, était mitraillé avec vingt-neuf autres compagnons d’infortune dans la plaine des Brotteaux au moyen d’une efficace canonnade d’artillerie. Pendant ce temps, sa demeure de la place Bellecour était vouée aux démolisseurs et ses collections tout simplement détruites, pillées ou dispersées.
Son beau-frère Charles-Ovide de Cuzieu eut plus de chance ! Il survécut à ces bouleversements en menant une carrière d’officier de cavalerie traversant tous les régimes politiques de cette époque instable. Colonel et néanmoins grand bibliophile, il se sépara en 1815 de sa collection de livres et manuscrits anciens lors d’une vente aux enchères qui fit date à Lyon et dont le catalogue fut établi par Raynal, ancien conservateur de la bibliothèque de Lyon de 1791 à 1795.
L’amour des arts et des collections se poursuivit cependant avec ses 3 enfants.
Bien que formé à l’Ecole Spéciale Militaire (à Fontainebleau à l’époque et non pas encore à Saint Cyr) son fils aîné Charles-Robert de Cuzieu préféra une vocation de peintre à Lyon à la carrière militaire qu’il abandonna définitivement en juillet 1814. Activité plus paisible que celles des Armes.
Son second fils Hector, également officier sorti de l’Ecole Spéciale Militaire, survivant de la terrible Retraite de Russie après avoir été fait prisonnier par les Cosaques et retenu 2 ans dans les steppes, s’adonna pour sa part à l’écriture théâtrale une fois revenu à Lyon après la paix signée à Vienne. Activité également plus paisible que celles des Armes…
Sa fille Athénaïs et son gendre Jean-Etienne de Saint-Thomas se passionnèrent pour l’Antiquité.
Jean-Etienne fut un des premiers inspecteurs de la nouvelle administration des Monuments Historiques créée par Prosper Mérimée et s’installa à Roanne dans le Département de la Loire. A sa mort en 1875 lors de l’inventaire de ses collections, on ne dénombra pas moins de 2000 pièces antiques, dont 2 tombeaux en marbre et 3 momies égyptiennes !
La majeure partie de ces pièces fut léguée au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Roanne. Certaines pièces échurent également aux Antiquités Nationales à Saint Germain en Laye.
Au tournant des XIXè et XXè siècle, Clémentine et Barthélémy Dumas de Vaulx, uniques descendants d’Athénaïs et Jean-Etienne, furent plus sensibles à la modernité de la photographie et de l’industrialisation, au modélisme ferroviaire, aux grandes soirées mondaines avec leurs cousins parisiens, aux belles soirées théâtrales de l’ami Rostand… Ils passèrent totalement à côté des révolutions picturales de leurs contemporains ! Sans doute en raison du charme et des douceurs d’une époque particulièrement bourgeoise.
Au même moment, Laurent Adenot osait se marier deux fois et consacrait sa vie à la peinture des paysages de sa Bourgogne natale mais aussi à ceux de sa villégiature des bords de la Méditerranée. Certaines de ses huiles ont rejoint les collections publiques et sont conservées au Musée des Beaux-Arts de Beaune et au Musée Greuze de Tournus.
Quant au colonel Emile Experton, polytechnicien et artilleur de son état, il ne limitait pas son expertise à la fabrication des canons et à la direction des arsenaux : il réalisait aussi bien des copies des maîtres hollandais (avec art, talent et passion !) qu’il écrivait de manière guerrière, patriotique et enflammée.
Décidemment, quand les canons se mêlent à la science des belles choses...
C’est en souvenir de ces familles, qu’est perpétué le goût des arts et le plaisir de collectionner au travers d’une nouvelle Collection en phase avec son temps et servant l’intérêt général par son statut de Fonds de Dotation.
Une Collection plus particulièrement dédiée à mon aïeul Antoine-Gabriel « délicieusement canonné » et tragiquement disparu à une époque d’excès et d’intolérance comme nous ne souhaitons plus en revoir.
Paris, le 28 novembre 2014
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